2014

PIÉMONT

Dans le Piémont, la quantité de vin produite est nettement inférieure aux années précédentes. Par rapport à 2013, ce sont 15 % de vins en moins qui ont été produits et par rapport à la moyenne des cinq dernières années (2009-2013), ce pourcentage augmente même à 18 %. Bien que le printemps se soit déroulé assez normalement et ait été prometteur, la récolte moindre est une conséquence logique des mauvaises conditions climatiques pendant les mois d’été, juillet et août. La météo humide et l’humidité presque permanente avec des températures de saison inférieures à la normale ont été à l’origine du mildiou et de pourriture. De plus, certains vignobles ont subi de gros dégâts dus à quelques importantes averses de grêle (par exemple à Barolo). Septembre et début octobre ont heureusement été assez ensoleillés, ce qui a permis au raisin bleu de mûrir à son aise et d’atteindre malgré tout une belle maturité. La récolte a commencé en 2014 sept jours plus tôt qu’en 2013, mais cela correspondait plus ou moins aux années précédentes. Fin août, c’est le chardonnay qui a été récolté en premier lieu, suivi du moscato, du cortese, du brachetto et du dolcetto au début du mois de septembre. Le barbera n’a été récolté que fin septembre alors que pour le nebbiolo, on a attendu jusque fin octobre. À la mi-octobre, l’ensemble des vendanges était terminé. Les vins cortese et arneis sont, on peut le dire, très réussis avec une acidité quasi parfaite. Pour les barbera et nebbiolo, cela s’annonçait mal jusque début septembre, mais heureusement, ces raisins bleus ont pu profiter au maximum d’une belle arrière-saison pendant le mois de septembre et le début du mois d’octobre. Ce ne seront pas les meilleurs vins du monde, mais ce seront de beaux vins mûrs et élégants avec une bonne acidité qui résisteront très bien au vieillissement en fûts de bois. Il faudra attendre jusqu’en 2017 et 2018 avant que les premières bouteilles ne soient commercialisées !

NORD-EST DE L’ITALIE

Pour la Lombardie, l’année 2014 a été synonyme de petite catastrophe au niveau des quantités, avec une production inférieure de 25 % par rapport à 2013. Les producteurs ont dû continuellement traiter leurs vignobles contre le mildiou et les moisissures, mais aussi réaliser une sélection sévère après les vendanges afin de pouvoir vinifier des fruits sains. À Valtellina, le chiavennasca (nebbiolo) a été vendangé les deux premières semaines d’octobre. Les petites quantités ont fait augmenter légèrement les prix. À Trente et dans le Tyrol du Sud, on a également enregistré une grande différence négative par rapport à l’année 2013, de pas moins de 20 % ! Les conditions climatiques ont encore été moins bonnes ici que dans le Piémont. Un printemps humide qui ne s’est pas amélioré a mené en été, avec ses températures plus chaudes à partir du mois de juillet, à d’énormes problèmes de botrytis (pourriture des raisins). Seuls quelques producteurs qui ont tout récolté à la main et réalisé une sélection draconienne au début de la vinification ont encore pu produire des vins d’une qualité correcte. Les taux d’alcool sont plus faibles que les années précédentes, alors que les taux d’acidité sont un peu plus élevés. Finesse, minéralité et équilibre sont dès lors ici les maîtres mots. Une exception importante qui doit tout de même être soulignée, ce sont les vins à base de teroldego de la région de Trente : des vins sublimes aux nombreux fruits croquants, avec des acides fins et des tanins suaves feront sans aucun doute partie des meilleurs vins de la dernière décennie. La Vénétie a produit aussi 15 % de moins, ce qui est dans ce cas surtout dû aux mois d’été très humides de juin à août et à quelques grosses averses de grêle pour couronner le tout. Les vins de la partie occidentale de Vénétie (Bardolino, Lugana, Soave) semblent les meilleurs. Surtout le Valpolicella et plus particulièrement les vins Amarone sortent du lot, car, en raison des vendanges moins importantes, les raisins étaient très concentrés et particulièrement adaptés pour le processus de séchage (appassimento). Les raisins glera pour les vins Prosecco sont particulièrement bien rentrés avec beaucoup d’arômes et des acides épurés. Le Frioul a noté une diminution de la production de seulement 10 %, surtout due aux races hâtives de friulano, chardonnay, pinot grigio, merlot et cabernet franc. On a enregistré une production record du glera, le raisin qui est à la base de la production de Prosecco, car en 2014, de nouveaux vignobles de glera ont été utilisés pour la première fois depuis leur plantation. En général, on peut dire que le Frioul, par rapport à de nombreuses autres régions, a dû continuer à faire face en septembre à beaucoup de pluie et des températures plus fraîches. La météo ne s’est ici pas rétablie. Des acides intensément crépitants en sont aussi la conséquence, ce qui a permis de produire de très bons vins au départ de sauvignon blanc, pinot grigio et friulano. Les raisins bleus comme refosco, merlot, schioppettino n’ont malheureusement pas atteint une maturité phénolique parfaite et les vins rouges présentent dès lors une qualité moyenne en 2014.

TOSCANE

La Toscane a, malgré d’importantes averses de pluie et même de grêles en juillet, enregistré une augmentation de la production de 10 % par rapport à 2013. Heureusement, septembre et début octobre ont connu une météo très agréable, ce qui a permis à tous les raisins d’atteindre leur maturité optimale dans d’excellentes conditions. Fin août, dans la région de la Maremme, les cépages hâtifs sauvignon, chardonnay et pinot nero étaient déjà vendangés, suivis par les merlot, vernaccia et vermentino à la mi-septembre. Le sangiovese a été le dernier cépage récolté partout aux environs de la mi-octobre. Ces producteurs n’ont pas rechigné à la tâche dans les vignobles pour combattre le botytris et le fléau récent constitué par les mouches des fruits japonaises ; ils en ont été récompensés par de beaux fruits. Le rendement moyen vin/fruit est plus élevé que les années précédentes alors que la teneur moyenne en sucre des raisins est un peu inférieure. Nous pouvons donc parler d’un millésime constitué de vins plutôt élégants, mais qui ne deviendront pas d’énormes succès.

CENTRE ET SUD DE L’ITALIE

Toutes les régions du centre et du sud de l’Italie, à l’exception du Latium et de l’Ombrie, ont noté une diminution importante de la production. Les Abruzzes ont débuté l’année avec de sérieux dommages aux vignobles. En effet, à la fin novembre 2013, d’importantes chutes de neige ont détruit 1700 hectares de vignobles sur pergola. Jusqu’au début du mois d’août, il a plu chaque semaine, alors que les températures ont affiché des moyennes normales. Le sangiovese et le montepulciano ont été vendangés plus tôt qu’habituellement par la majorité des producteurs. De ce fait, tous les raisins n’ont pas atteint la maturité optimale des tanins, mais le risque de pourriture et d’apparition d’autres problèmes devenait trop important. Dans les Abruzzes, on sera face à une grande différence de qualité entre les meilleurs vins AOC et les vins génériques ou les vins de pays. La Campanie a, à nouveau, bénéficié d’une superbe arrière-saison à partir du 8 septembre, ce qui a permis à tous les raisins d’obtenir la maturité optimale et l’équilibre parfait dans d’excellentes conditions. La majorité des greco et fianco n’a été récoltée qu’à la mi-octobre et les vendanges d’aglianico aux environs du 10 novembre, particulièrement tard donc. Les nombreuses pluies et les températures plus faibles au printemps, ainsi que le développement lent ont résulté en des taux d’acidité un peu plus élevés qu’habituellement. Le jus de raisin était déjà très frais et aromatique. Tous les raisins blancs fourniront dès lors de magnifiques vins blancs, alors que les cépages bleus, et essentiellement l’aglianico tardif, se caractériseront par de superbes résultats. Dans les Pouilles également, le printemps a été plus humide et plus frais qu’habituellement, avec une réduction de production de 20 % par rapport à 2013. Vu que la sécheresse est ici souvent un problème, les faibles pluies du mois d’août ont été bien accueillies par les producteurs, un bienfait plutôt qu’un problème. En règle générale, on est ici très satisfait de l’année avec une bonne qualité homogène pour l’ensemble de la région.

LES îLES

En Sicile, la production affiche un très grand recul par rapport à 2013, à savoir 40 %. Pour la 1re fois depuis 2007, on a ici de nouveau dû faire face à de graves maladies dans les vignobles, comme le faux mildiou. Les vignobles d’inzolia et de nero avola ont été très sérieusement touchés. Ce qui a finalement pu être récolté dans l’ensemble de la Sicile est par contre d’une qualité optimale. L’été était en effet un peu plus froid qu’habituellement (ce qui est ici positif) et il n’y a finalement pas eu de canicule. La qualité exceptionnelle de 2013 ne sera pas égalée, mais on est tout de même très satisfait malgré la production réduite.

La Sardaigne a rarement connu une arrière-saison aussi chaude, avec de nombreuses journées de septembre où le thermomètre affichait 30 degrés. Cela a bien entendu permis une accumulation plus rapide du sucre dans les raisins, ce qui donnera des vins puissants. On note ici également une diminution de la production (-20 %), mais c’est plutôt dû au fait que la production a repris une ampleur normale après une année 2013 exceptionnelle, avec des raisins plus gros que jamais. Les mois d’été secs, ainsi que le mois de septembre n’ont pas permis aux raisins de grossir suffisamment. Le millésime 2014 de la Sardaigne pourrait bien être un des meilleurs millésimes récents, tant pour les vins rouges que les blancs !