2012

A l’instar de beaucoup de pays européens, 2012 fut une année très chaude en Italie. L’été 2012 restera en effet dans les annales comme l’un des étés les plus longs, chauds et surtout secs. Au cours de ces mois de sécheresse, les vignobles des régions les plus chaudes ont été mis à rude épreuve.

La maturation fut plus difficile, essentiellement pour les raisins blancs à maturation précoce. Le côté positif fut qu’il y eut finalement très peu de problèmes de maladies dans les vignobles.

La qualité du millésime est bonne à très bonne dans sa globalité. Malgré les faibles rendements et le travail particulièrement rude dans les vignobles, les producteurs italiens parlent d’une bonne année dans la lignée de 2007, 2008, 2009 et 2011.

La production totale fut de 40,3 millions d’hectolitres : 5,6 % en moins qu’en 2011 et la plus faible depuis 1950. Cette baisse concerne essentiellement le segment du vin en vrac, les vins de production de masse à bas prix, produits dans le sud, et destinés en grande partie au marché intérieur. De faibles rendements entrainent une hausse des prix. Certains vins vont donc connaître de fortes hausses de prix, mais en contrepartie la qualité sera elle aussi meilleure.

L’hiver 2012 fut anormalement chaud et les précipitations faibles. Dans le Nord, le thermomètre afficha même jusqu’à 16 °C en décembre. Le printemps fut plus précoce qu’à l’accoutumée, avec des températures avoisinant 25 °C déjà au mois de mars. Les pieds de vigne furent donc sortis de leur hibernation très tôt dans la saison. Les faibles températures et le temps instable du mois d’avril marquèrent la fin de ce beau début. Le froid et les pluies déréglèrent quelque peu la floraison et diminuèrent sensiblement le potentiel quantitatif de la récolte. Le sud vécut par contre un début de saison chaud et stable. Des températures de 30 °C en mai prédisaient alors une année record au niveau des récoltes.

Mais tant au nord qu’au sud, les 3 mois qui suivirent ne virent tomber aucune goutte d’eau. Les réserves d’eau souterraine se firent tellement rares dans certaines régions que les vignes ne réussissaient plus à les atteindre. Le mois d’août est crucial pour le cycle de croissance, le raisin complète ici son développement. Les pieds de vigne produisirent moins de raisins par manque d’eau, la qualité n’en fut pas affectée, contrairement aux rendements. La pluie tant attendue arriva enfin en septembre. 20 % des raisins avaient alors déjà été récoltés. Le vin est un produit de la nature et les quantités récoltées sont donc dépendantes des conditions climatiques.

L’Italie est également un pays vinicole très réglementé. Comme dans beaucoup d’autres régions vinicoles d'Europe, il est encore interdit d’irriguer dans certaines régions, sous prétexte que cela nuit à la qualité globale. Dans des situations extrêmes, l’interdiction peut être levée, mais ce ne fut pas le cas l’année dernière. De nombreux viticulteurs sont à présent pour une levée totale de l’interdiction car ils affirment qu’avec plus d’eau, le millésime 2012 aurait été mémorable.

LE NORD-EST

Comme dans la plupart des régions, les rendements sont 10 à 20 % moindres qu’à la normale dans le Nord-Est (Trentino, Alto-Adige, Friuli-Venezia Giulia et Veneto). Deux raisons expliquent cette forte baisse. D’abord le temps froid et pluvieux durant la floraison. Et ensuite l’été torride qui s’en suivit. Les jeunes vignes ont particulièrement souffert car leurs petites racines ne leur permettaient pas d’atteindre les réserves d’eau souterraine, déjà très basses suite à un hiver sec.

Les vendanges se sont déroulées dans de bonnes conditions. Il a plu un rien fin septembre en Alto Adige, mais les producteurs sont très contents de la qualité globale du millésime. Des signes positifs venant également de la Valpolicella, où la qualité est de mise pour les cépages de l’Amarone (corvina, rondinella). Ces derniers furent récoltés anticipativement afin d’échapper à la chaleur estivale.

PIEMONT

Après un hiver froid et fortement enneigé, les vignobles des Langhe ont connu un beau début de saison. Cependant, un printemps frais et humide a provoqué de légers problèmes de moisissure pendant la floraison. La longue sécheresse estivale a empêché le développement d’autres maladies et champignons. La grêle a touché Roero en mai et Barolo, La Morra et Novello en juillet. Dans certaines localités, les rendements sont également 20 à 30 % plus faibles que les autres années.

La canicule fut heureusement interrompue fin août par quelques journées pluvieuses. Grâce à cela et aux précipitations du printemps, les réserves d’eau furent suffisantes pour les vignobles. Le refroidissement de début septembre a permis un heureux ralentissement du processus de maturation. Le Nebbiolo a ainsi pu développer complètement ses arômes typiques. Les vins sont caractérisés par une belle maturité phénolique (tanins) et sont très élégants. Malgré les faibles rendements, on peut considérer que 2012 sera également un beau millésime dans le Piémont.

ITALIE CENTRALE ET DU SUD

2012 fut exceptionnellement chaud et sec dans ces régions. La récolte débuta 7 à 10 jours plus tôt que d’habitude et s’étira de début août à mi-octobre. Malgré une baisse de 10 % de la récolte globale, on parle également d’un beau millésime avec un fruit bien mûr. Juillet et août furent très chauds comme dans le reste de l’Italie. Quelques précipitations et des nuits plus fraîches furent les bienvenues avant la récolte. Ceci permit de maintenir un niveau d’acidité décent, bien que 10 % plus bas qu’en 2011. Préserver une fraîcheur/acidité suffisante fut peut-être le plus grand défi des producteurs, surtout avec le Primitivo.

En général, les meilleurs vins proviennent de vignobles au microclimat plus frais ou orientés au nord. Les vignobles en altitude de la Campanie plantés de fiano et de greco ont vu naître de beaux vins équilibrés. Les vignobles à la terre riche d’argile ou de limon ont également mieux supporté la canicule estivale. La Sicile est la seule région d’Italie où les rendements ne furent pas plus faibles que l'année d'avant, mais 2011 fut également une petite récolte. Concernant la qualité du millésime 2012, beaucoup sont enthousiastes, les connaisseurs parlent même d'un millésime exceptionnel.

TOSCANE

Les rendements en Toscane furent 10 à 30 % plus faibles que d’habitude. Cela est dû à deux semaines très froides en février et à un période froide et pluvieuse durant la floraison. L’été fut également sec et très chaud, mais les pics de chaleur ne furent pas aussi intenses que dans le sud. Les pluies de fin août furent un réel soulagement et permirent d’allonger la période de maturation du sangiovese.

Ce fut malheureusement plus compliqué pour les cépages précoces, avec de faibles rendements à la clé, excepté pour le merlot de Bolgheri, qui a profité au maximum de son sol argileux. Une grande attention a également été portée à la gestion du feuillage. En laissant les bonnes feuilles sur la vigne, on permit ainsi de protéger les raisins du soleil et de la chaleur.

La récolte fut plus longue car les parcelles ne furent pas mûres en même temps, une conséquence directe du temps printanier maussade. Mais le travail est toujours récompensé, et à Montalcino, dans le Chianti Classico, à Montepulciano et à Bolgheri, la qualité est au rendez-vous, on parle même du meilleur millésime de ces trois dernières années.


Sources

  • Assoenologi "Vendemmia 2012" 
  • Wine Spectator "2012 Vintage Report Italy" 
  • Jancis Robinson & Walter Speller "Italy 2012 Vintage" 
  • Angelo Gaja "2012 Vintage Notes" 
  • Antonio Capaldo "2012 Vintage Notes" 
  • Wine News Italy "Vintage 2012"